ROYAL NEWFOUNLAND REGIMENT

Le caribou est le symbole du régiment

1st  Newfoundland Regiment
Royal Newfoundland Regiment

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Particularités.

Il peut être  étonnant de voir une unité venant de Terre-Neuve sur une autre bannière et un autre insigne que celui des forces canadiennes. Cela s’explique par un rattachement de Terre-Neuve au Canada qu’en 1949, bien après la guerre donc.

La population de Terre Neuve en 1914, n’est pas très nombreuse (~200 000 habitants) . Le régiment ne connaîtra qu’un seul bataillon combattant, contrairement aux régiments britanniques qui pourront former jusque 30 bataillons. En effectif, c’est donc, comparativement, une bien petite unité.

Survol historique

Un premier ‘Royal Newfoundland Regiment’ a été fondé en 1795, mais dont nous parlons ici a été officiellement créé en Septembre 1914, juste après la déclaration de guerre. En tant que régiment d’infanterie, l’unité est formellement dissoute en 1919, mais survit sous une forme embryonnaire (ex: compagnies d’artillerie).

Le régiment est reconstitué  au sein de l’armée canadienne en 1949. Maintenant, les soldats et les sous-unités du régiment servent ou ont servi à renforcer les unités de la Force régulière canadienne à Chypre . en Bosnie , au Sierra Leone et  en Afghanistan pour des missions de maintien de la paix et de combat

Le nom du régiment: 

De manière exceptionnelle, le nom du régiment est transformé de 1st Newfoundland Regiment en Royal Newfoundland Regiment par le roi George V en décembre 1917. C’est le seul régiment qui a reçu cet honneur durant la première guerre mondiale. Les deux appellations sont donc valides pour cette période.

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Un soldat de l’unité vers 1916

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Les ‘battle honors, du régiment pendant la première guerre mondiale:

  • Gallipoli 1915-1916
  • Égypte 1915-1916
  • Somme 1916, Albert (Beaumont-Hamel) 1916, Le Transloy, Arras 1917, Scarpe 1917, Cambrai 1917
  • Ypres 1917-1918, Langemarck 1917, Lys,Bailleul, Kemmel, Courtrai
  • France et Flandres 1916-1918

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Tombe d’un soldat terre-neuvien, inconnu, située dans la Somme, près de Beaumont-Hamel

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Gallipoli 1915-1916

C’est le tout premier combat de l’unité. Le régiment après sa formation à Terre-Neuve, passe quelques semaines en Europe, pour acclimatation puis est envoyé dans l’opération de Gallipoli.

Dans la nuit du 19 septembre 1915, le bataillon a débarqué à Suvla Bay, sur la péninsule de Gallipoli en Turquie.

Timbre commémoratif : Trail of the Caribou – Le périple du Caribou (qui symbolise le régiment)

Cela se fait dans des conditions très difficiles, les alliés sont coincés sur une étroite bande de terre. Le ravitaillement dans cet espace confiné, en permanence à portée de tir des turcs et compliqué. La température peut être très chaude dans la journée mais très froide l’hiver.  Toutes les attaques ‘en force’ sont des échecs. Les alliés laisseront beaucoup de pertes dans cette terrible  bataille (330 000 hommes) pour aucun gain territorial.

Troupes britanniques entassées à Gallipoli
Gallipoli commémoré sur un timbre de Jersey
Deux officiers de l’unité dans les tranchées à Gallipoli. Il fait bien froid…

 

C’est la seule unité nord-américaine présente durant la bataille des Dardanelles. Le bataillon y a combattu jusqu’en janvier 1916, lorsque la presqu’île est évacuée par les alliés.

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Égypte 1915-1916

Après l’évacuation le régiment passe quelques mois en Egypte .

Un officier du régiment en visite aux Pyramides

Le régiment est envoyé vers la France en mars 1916… on prépare une grande offensive dans la Somme.

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Carte postale en 1916

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La Somme 

Le 1er juillet 1916, le régiment fut quasiment anéanti à Beaumont-Hamel, le premier jour de la bataille de la Somme. Une demi-heure environ après le début de l’attaque, plus de 90% des hommes qui composaient le régiment,  furent mis hors de combat (disparus, morts ou blessés).

Timbre commémoratif: Beaumont-Hamel

Un mémorial existe avec une partie parc où le sol a été préservé, un centre d’accueil et une statue de caribou.

Plaque commémorant l’inauguration du Mémorial en 1925
Le sol préservé prés du mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel
Les restes d’un abri
Dans le petit centre d’accueil, avec le drapeau terre-neuvien.
Le caribou de Beaumont-Hamel – 1
Le caribou de Beaumont-Hamel – 2

 

Soldats du régiment le 1er Juillet 1916 en attente de l’attaque. Dans deux heures beaucoup de ces hommes seront morts ou blessés

Après le départ de l’attaque initiale, la situation est confuse pour le commandement. Des informations contradictoires lui reviennent: bloqués ? succès.  À 8 h 45, le Newfoundland Regiment recoit l’ordre d’aller de l’avant pour soutenir l’attaque et la supposée progression.  Le  régiment était situé dans une tranchée de soutien située à 250 mètres derrière la ligne de départ britannique et à l’abri des regards de l’ennemi [photo plus haut].

L’avancée est très compliquée car les boyaux de communications sont déjà encombrées de blessés ou mourants des vagues précédentes.  Le lieutenant-colonel Arthur Hadow, commandant du bataillon, décide de passer immédiatement en formation d’attaque et d’avancer en surface, ce qui implique d’abord de franchir les barbelés britanniques. Alors qu’ils progressent difficilement dans ces réseaux pour atteindre la première ligne britannique, ils sont les seuls soldats clairement visibles par les défenseurs allemands, qui ne se privent pas pour les viser et les atteindre. La plupart des membres du régiment de Terre-Neuve sont morts, mourants ou blessés dans les 15 à 20 minutes qui suivent leur départ de la tranchée de soutien.  La plupart n’atteignent même pas  ‘l’arbre du danger’, un squelette d’arbre qui se trouve dans ‘No Man’s Land’ et qui sert de repère.

L’arbre du Danger à Beaumont-Hamel existe toujours

Sur les 780 hommes qui sont allés de l’avant seulement environ 110 ont survécu indemnes, dont seulement 68 étaient présents pour l’appel nominal le jour suivant.

Le lieutenant Richard Shortall, tué le 1er Juillet 1916, il est enterré au Y RAVINE CEMETERY, à BEAUMONT-HAMEL

 

Le major-général sir Beauvoir De Lisle a écrit du Newfoundland Regiment à Beaumont-Hamel:  [ce fut…] une magnifique démonstration de bravoure par des hommes entraînés et disciplinés, et leur assaut échoua seulement parce que des hommes morts ne peuvent plus avancer. 

Depuis lors, le 1er juillet est un jour de commémoration à Terre-Neuve

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La participation du régiment à la Bataille de la Somme ne se limite pas à ce combat. Quelques semaines plus tard, il intervient à Gueudecourt et à Combles.

Gueudecourt octobre 1916

Des hommes de la 88e brigade incluant le Newfoundland Regiment et le 1st Essex Battalion furent amenés dans les lignes qui traversaient la limite nord du village de Gueudecourt le 10 octobre 1916. De là, le 12 octobre, les deux bataillons attaquent la ligne de front allemande «Hilt Trench» derrière un feu roulant d’artillerie et se livrent à des combats corps à corps, prenant avec succès la position. Cependant,   une contre-attaque allemande a chassé le 1er Essex du flanc gauche et l’a ramené dans la position alliée de départ.
Les Terre-Neuviens s’accrochent à leurs positions et se battent pour sécuriser leur flanc. À l’aide de grenades du type ‘Mills Bombs’, ils repoussent les contre-attaquants allemands de la partie qu’ils ont reprise au 1er Essex et même la re-capturent, doublant ainsi la longueur de leur ligne défensive. Anticipant d’autres contre-attaques allemandes, les Terre-Neuviens ont creusé des pas de tir et constitué un parapet au revers de la tranchée allemande, du coté où peut venir les contre-attaque. Lorsque qu’elles arrivent  dans l’après-midi et la nuit, les tirs de fusils des hommes de Terre-Neuve et leurs mitrailleuses Lewis repoussent toutes les tentatives allemandes et la tranchée ‘Hilt’ est tenue.

Tombe du soldat Henley Arthur Martin,
mort le 14 octobre 1916 des suites de blessures:

Tombe située à ‘HEILLY STATION CEMETERY’, près de MERICOURT-L’ABBE

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Autre secteur dans la Somme: Combles

Combles

 

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Monchy le Preux

Le régiment vit des moments difficiles à Monchy le Preux en Avril 1917.

Leur combat a lieu pendant l’offensive d’Arras (avril 1917), au cours de laquelle les Première et Troisième Armées britanniques ont attaqué à l’est depuis Arras sur un front de 22 kilomètres. La brigade dans laquelle sert le Royal Newfoundland Regiment, doit exécuter une attaque de deux bataillons contre un objectif connu sous le nom de ‘Infantry Hill’. Le Royal Newfoundland Regiment est à droite et le 1er Bataillon Essex à gauche.

À 5 h 30 le 14 avril, le barrage d’artillerie est mis en oeuvre et les deux bataillons commencent leur avance. Une fois arrivés sur les hauteur de Infantry Hill ils sont  soumis à une puissante contre-attaque allemande qui a encerclé le Royal Newfoundland Regiment et le 1er Bataillon Essex. À 9h00, les groupes d’hommes survivants sont forcés de se rendre.

Alors que toute communication par téléphone est coupée, un blessé du 1st Essex Battalion parvient à se rendre au quartier général du bataillon pour signaler que tous les hommes des deux bataillons ont été tués ou capturés. Les Allemands pressent leur contre-attaque et s’avancent bientôt jusqu’à la lisière de Monchy-le-Preux en capturant les tranchées d’où le 1er Bataillon Essex et le Royal Newfoundland Regiment ont lancé leur attaque.

Il n’ y a pas de troupes installées dans le village, pour bloquer la contre-attaque allemenande. Le lieutenant-colonel James Forbes-Robertson rassemble rapidement tous les hommes disponibles de son état-major, ainsi que des armes et des munitions de soldats morts et blessés, et conduit une vingtaine d’hommes à travers les ruines  de Monchy-le-Preux vers la périphérie du village. S’établissant dans un fossé peu profond, les neuf hommes restants ouvrent le feu sur les allemands qui approchent et les gardent dans l’ignorance de leur pitoyable effectif. Un dixième homme les rejoint une heure et demie plus tard. Au bout de 4 heures, ils peuvent envoyer un des hommes vers l’arrière pour informer les britanniques de leur situation. Ce qui leur permet d’obtenir un appui d’artillerie. Un peloton de Hampshire est envoyé et pour fournir un soutien d’infanterie aux travers des ruines de Monchy. Les bombardements britanniques forcent non seulement les Allemands à se tenir à distance, mais ils tuent également  beaucoup de soldats du régiment de Terre-Neuve gisants blessés dans les champs. C’est après la tombée de la nuit que la dizaine d’hommes est relevée, ils ont tenus la position durant onze heures.

Les pertes du Royal Newfoundland Regiment sont : 166 personnes  tuées ou mortes de blessures, 141 blessées et 153  prisonniers, soit 460 au total. Le 1er Bataillon Essex n’a pas mieux réussi avec la perte de 602 hommes dont 400 ont été faits prisonniers.

L’action héroïque de ces dix hommes, qui n’ont jamais cru pouvoir survivre 15 minutes, et encore moins 11 heures, a empêché l’état major britannique d’être embarrassé. L’organisation de de cette action était si inepte que si l’attaque avait réussi, les deux bataillons auraient occupé une zone à défendre bien trop grande pour leur effectif.  De même, les planificateurs ont oublié d’occuper le village de Monchy en cas de contre-attaque. Le village avait été une victoire durement gagnée  seulement 3 jours avant. Si ces 10 hommes avaient échoué , les Allemands auraient repris Monchy . Et compte tenu de l’importance de cette position pour le succès global de la bataille d’Arras, cela rend l’erreur incroyable.

Le lieutenant-colonel James Forbes-Robertson, en 1917 au moment où il commande le Newfoundland Regiment

Celui qui les commandaient, le lieutenant-colonel James Forbes-Robertson,  mérité beaucoup de distinctions pendant la guerre. Il a reçu la Victoria Cross, deux Distinguished Service Order (DSO and bar) et la Military Cross.

Le voici arborant sa Victoria Cross , la DSO avec ‘bar’ (rosette) et la Military Cross.

Portrait en 1919.

 

Quelques soldats morts le 14 octobre 1917:

Le soldat Blackmore

Il est commémoré au Mémorial terre-neuvien de BEAUMONT-HAMEL, son corps n’a pas été retrouvé.

 

Le soldat E.Cake, mort à … 16 ans !

Tombe située à VIS-EN-ARTOIS BRITISH CEMETERY, HAUCOURT

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Le Second Lieutenant Augustus W Alcock

Il est commémoré au Mémorial terre-neuvien de BEAUMONT-HAMEL

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Le soldat Isaac Chaulk

Tombe située à WINDMILL BRITISH CEMETERY, près de MONCHY-LE-PREUX
Enterrement de soldats au cimetière Windmill à Monchy le Preux après la bataille

 

Le cimetière Windmill de nos jours

 

Dans les rues de Monchy, un vestige de 14-18
Le caribou à Monchy vers 1919
Le caribou à Monchy vers 2009

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De retour des lignes de combat après Monchy le Preux. Je crois reconnaitre en têteet  à droite le Lieutenant-colonel James Forbes-Robertson

Sur cette photo, on remarque quelques cyclistes, qui avaient des rôles de liaison principalement.

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Suite du retour des lignes

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Fin du retour des lignes avec la partie logistique

 

A l’arrière:

L’atelier du cordonnier
Les cuisines
Des sentinelles au repos

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Le capitaine Rupert Bartlet est mort le 30 novembre 1917  à l’age de 26 ans, tué près de Marcoing.

Captain R W Bartlett

 Il était titulaire de la Military Cross avec rosette (bar) et de l’ordre de la Couronne italienne

Son nom est parmi les 811 portés disparus du régiment commémorés à Beaumont-Hamel

Mémorial de Beaumot Hamel

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Lors d’une visite officielle au Régiment
Remise de décorations

Tombe du soldat Parson, mort en décembre 1917

Cimetière du Mont-Huon, le symbole du régiment est d’un tracé un peu différent de la forme habituelle (ex le nom du régiment est complètement inséré dans le cercle)

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Tombe du soldat Henry Cluett

Tombe située à LA KREULE MILITARY CEMETERY, près de HAZEBROUCK. Ici aussi le motif est d’un dessin inhabituel.

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Une tombe du régiment, sous la lumière du soir…

 

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Badge du régiment
Le Lieutenant G. Hicks

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Reconstitution à l’occasion du centenaire. Il est exact qe pendant quelque temps le régiment à porté des molletières de couleur bleue. ‘The blue putties’.
Reconstitution à l’occasion du centenaire
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